Gravière de Ballens: quelles mesures pour évaluer et réduire les nuisances des 160 poids lourds quotidiens supplémentaires dans nos villages ?

Un camion supplémentaire toutes les 3 minutes dans les villages de Hautemorges, qui suffoquent déjà à cause du trafic: c’est ce que nous devrons subir avec l’exploitation prochaine de la gravière de Ballens. Afin d’attirer l’attention sur cette problématique et connaitre les positions de la Municipalité, j’ai déposé une interpellation au Conseil communal de Hautemorges le 8 décembre 2025. Réponse prévue entre février et mai 2026.

Lors des séances d’information sur la nouvelle gravière organisées à Apples et dans la région par l’Association pour la Sauvegarde des Bois de Ballens et environs (ASBBE) ces derniers mois, la population a pu prendre connaissance des nuisances annoncées par la future gravière à Ballens. Parmi elles, l’augmentation sensible du trafic de camions.

Si le train permettra de transporter, dans le meilleur des cas et après des travaux incertains en gare de Morges, 40% du gravier extrait, les 60% minimum restants le seront par la route [1]. Ce sont donc au minimum 160 passages de camions par jour qui seront ajoutés à des routes déjà très fréquentées notamment par les poids lourds [2].
Plus précisément et pour ordre de grandeur, ce sont au minimum 112 camions supplémentaires qui sont attendus chaque jour sur l’axe Bussy-Chardonney – Reverolle – Apples et 45 entre Cottens et Apples. Le centre d’Apples verra donc un nouveau camion toutes les 3 minutes en journée, en plus du trafic actuel.

Les conséquences pour les habitantes et habitants de nos villages, particulièrement impactés par cette problématique car traversés par des routes fréquentées, sont loin d’être anodines: nuisances sonores, dégradation de la qualité de l’air à cause des gaz d’échappement, sécurité pour les autres usagers de la route et des autres mobilités…

La santé impactée par le trafic routier

Le bruit du trafic n’est pas juste une gêne, c’est un véritable risque pour la santé. Même bien en dessous du seuil de douleur, il provoque stress, troubles du sommeil, maux de tête et augmente le risque de maladies cardio-vasculaires. Il nuit aussi à la concentration et coûte cher en soins et en pertes de productivité [3].

Au-delà du bruit et de la sécurité routière, le trafic de poids lourds dégrade directement la qualité de l’air le long des axes qu’ils empruntent. Selon l’Office fédéral de l’environnement, la pollution atmosphérique, en grande partie liée au trafic, provoque chaque année en Suisse environ 2’300 décès prématurés, des milliers d’hospitalisations et plusieurs milliers de cas de bronchites chez les enfants et les adultes [4]. Les grandes études de cohorte suisses montrent que les polluants du trafic (NO₂, particules fines, suie) ainsi que le bruit des transports augmentent la mortalité cardio-vasculaire et respiratoire, même en dessous des valeurs limites actuelles. Par ailleurs, le CO₂ émis par ces mêmes camions alimente le réchauffement climatique, qui se traduit déjà en Suisse par plusieurs centaines de décès supplémentaires lors des étés caniculaires [5] .

Le trafic, un frein à l’atteinte des objectifs climatiques 

De manière générale, l’augmentation du trafic va à l’encontre des objectifs climatiques fixés par notre Canton, soit une réduction des émissions de CO₂ de 50 % d’ici 2030 et la neutralité en 2050. Par ailleurs, ce projet intervient alors même que notre commune s’engage en faveur d’une mobilité durable et d’une amélioration de la qualité de vie dans nos villages. Pour rappel, le Plan Climat 2.0 du Canton précise que “dans le cadre de leur autonomie, les communes ont l’obligation de se doter de plans d’action et d’objectifs intermédiaires pour contribuer au zéro émission nette 2050 (art. 179b Cst-VD)”. Les signataires s’inquiètent donc qu’une augmentation du trafic ne réduise ces efforts à néant.

Au-delà de Ballens, des perspectives peu réjouissantes

Dans la population, de nombreuses personnes sont réellement inquiètes de voir leur santé et leur qualité de vie se dégrader, alors que les prévisions sont même davantage assombries par la perspective de l’exploitation future du secteur des Bougeries qui viendra encore renforcer les nuisances et la pression sur nos villages. De plus, la volonté annoncée de la commune d’Aubonne d’interdire les camions dans son bourg, si elle se réalise, va inévitablement reporter une grande partie du trafic aubonnois sur les villages de Hautemorges, empirant alors largement les prévisions.

Compte tenu de cette situation, nous posons les questions suivantes à la Municipalité:

  • Comment la Municipalité se positionne-t-elle sur cette problématique qui aura un impact direct sur la santé et la  qualité de vie de sa population ?
  • La Municipalité compte-t-elle mettre en place des moyens de mesures des nuisances engendrées par le trafic routier (comptage, origine des poids lourds, qualité de l’air, bruit, etc.) ?
  • La Municipalité prévoit-elle d’intervenir auprès du Canton afin de protéger les villages traversés (mobilité douce, zones 30, modération du trafic, mesures anti-bruit) ?
  • Quelles sont les retombées (pratiques, financières, etc.) positives et négatives de l’ouverture d’une nouvelle gravière dans les environs pour la Commune de Hautemorges ?
  • De manière plus générale, la Municipalité a-t-elle déjà envisagé des moyens de favoriser l’économie circulaire, spécialement après le soutien massif de la population de Hautemorges à cette dernière (66.78% de oui au contre-projet à l’initiative “Sauvons le Mormont”) lors des votations cantonales du 28 septembre 2025, afin de faire sa part en favorisant l’utilisation de matériaux durables et de baisser la pression de l’exploitation de nos ressources naturelles ? 

Sources:
[1] Enquête Heidi.news: https://www.heidi.news/explorations/les-vaudois-et-leur-bac-a-sable-magique 
[2] Rapport et argumentaire de l’ASBBE: https://sauvegardedesboisdeballens.ch/le-grand-argumentaire-pour-sauver-notre-foret-de-ballens/ 
[3] Office Fédéral de l’Environnement (OFEV:) https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/bruit/mesures-contre-le-bruit-de-la-circulation-routiere.html 
[4] Office Fédéral de l’Environnement (OFEV): https://www.bafu.admin.ch/fr/effets-de-la-pollution-atmospherique-sur-la-sante
[5] Université de Berne: Global warming caused 60 percent of Swiss heat deaths in the summer of 2022 

La boule au ventre, ou quand rouler à vélo reste un acte militant

Ce matin durant mes 40 minutes de trajet à vélo, j’ai eu la boule au ventre (un peu plus que d’habitude).

La boule au ventre bien sûr en pensant à Paul.

La boule au ventre en me faisant frôler par un camion à l’endroit précis où un ami d’enfance a eu moins de chance que moi et y a laissé sa vie.

La boule au ventre quand un automobiliste m’a grillé la priorité mais m’a assuré très sérieusement, ma roue à quelques millimètres de sa portière, que son clignotant lui donnait la priorité.

La boule au ventre en pensant à l’un de mes proches qui a fait un vol plané dans un talus à cause d’un automobiliste qui a manqué de l’écraser volontairement avant de s’arrêter pour l’agresser et lui cracher dessus.

La boule au ventre en pensant aux commentaires d’automobilistes crachant leur haine contre les nouveaux aménagements routiers favorisant les piétons et les cyclistes parce qu’ils réalisent qu’ils ne sont pas seuls au monde.

La boule au ventre en pensant à mon ami Julien qui a vu sa vie changer à jamais après des mois de convalescence parce qu’un automobiliste n’a pas voulu s’arrêter à un stop (attention récit et images difficiles).

La boule au ventre en repensant à cet automobiliste qui n’a pas apprécié que je l’invective après qu’il a manqué de m’écraser et qui m’a poursuivi avec agressivité au point que je doive me cacher dans un garage.

La boule au ventre en empruntant la route quand j’estime que les infrastructures cyclables me mettent en danger car elles ont manifestement été créées par des personnes qui ne sont  jamais monté·e·s sur un vélo.

La boule au ventre en me disant qu’il n’y a pas un trajet où je ne passe pas à deux doigts de ne plus revoir mes filles et mon épouse.

La boule au ventre en pensant au nombre de fois où j’aurais pu être Paul.
Où nous toutes et tous qui roulons à vélo pourrions être Paul.

Rouler à vélo est plus que jamais un acte militant, un acte politique. Mais cela doit cesser.

Il est temps que nos routes soient sûres pour l’entreprise cyclistes. Il est temps que notre boule au ventre s’en aille.

Transport de marchandises: l’avenir devrait être sur les rails !

Note: texte originellement publié dans le courrier des lecteurs du Journal de Morges dans son édition du 6 avril 2023

Alors que l’urgence climatique n’est plus à démontrer, il semblerait logique que toutes et tous – particuliers, entreprises, communes, cantons et confédération – tirent à la même corde et fassent le maximum pour protéger l’environnement en baissant leur impact.

Or, comme nous l’avons appris dans l’édition du 3 mars du Journal de Morges, le rail va être abandonné au profit de la route pour transporter les céréales entre les centres collecteurs de l’entreprise situés à Bussy-Chardonney (Hautemorges) et Penthalaz, car les installations ne sont plus aux normes et nécessitent des travaux « trop coûteux ».
Ce sont donc 120 trajets en camion qui achemineront ces 3’000 tonnes de céréales par an – en plus des 4’500 tonnes déjà transportées par ce biais – et qui viendront encombrer encore davantage les routes de la région, avec l’impact climatique et tous les désagréments pour les riverains que nous connaissons. Pourtant, les deux sites sont à proximité directe des rails et déjà équipés d’infrastructures de (dé)chargement !

A l’heure où il est demandé à la population de baisser son impact, notamment en optant pour une mobilité respectueuse du climat, il est urgent que des solutions soient trouvées et des incitations proposées aux entreprises pour éviter ce genre de décisions incompréhensibles qui vont à contre-courant des bonnes pratiques en matière de protection de l’environnement et de la santé des riverains.

« Au revoir & merci »: quand Suisse Tourisme délaisse les non-anglophones sur Twitter

Le 26 janvier, Suisse Tourisme a annoncé la fermeture de ses comptes Twitter francophones et germanophones. Exit donc les comptes en français et allemand (l’italien n’est pas touché au moment de l’écriture de ces lignes), on ne se préoccupe donc quasiment plus que des anglophones.

Pour le contexte, Suisse Tourisme, corporation de droit public financée à hauteur de 57% par la Confédération, a pour mission de « promouvoir l’offre touristique pour la Suisse, pays de voyages, de vacances et de congrès sur le plan national et international. ».

Je m’interroge dès lors sur la cohérence de la stratégie nationale d’une organisation financée par les impôts de celles et ceux qui n’ont plus droit à des contenus dans leur langue sur ce réseau social.

Et plus qu’un souci de cohérence, ce sont même des doutes sur le respect porté aux citoyens et contribuables Suisses qui me viennent.

Dans le passé, j’ai régulièrement eu recours aux contenus de Suisse Tourisme pour organiser mes voyages dans mon propre pays. Idées d’excursions, infos pratiques sur des destinations… Espérons que d’autres canaux ne subiront pas le même sort.

Quand le climat ne mérite même pas le respect de la Constitution

En 2019, l’initiative « Pour la protection du climat » lancée par les Vert·e·s et les Jeunes Vert·e·s Vaudois·es, récoltait 14’000 signatures en un temps record dans plus de 97% des communes du canton. Un large plébiscite et la preuve d’une préoccupation croissante et partagée de la part de la population des villes comme des campagnes.

Soutenue par le Conseil d’Etat, à majorité de gauche à l’époque, puis acceptée telle quelle il y a quelques semaines par le Grand Conseil qui a rapidement rejeté le contre-projet proposé par la droite, il aurait été logique qu’elle soit votée sans délai, toutes les exigences administratives ayant été remplies dans ce sens par le Comité d’initiative pour la votation du 12 mars 2023 en tant que seul objet mis en votation. Une bonne vitrine pour cette initiative et pour le climat en général !

Or, dans une décision communiquée aujourd’hui, le Conseil d’Etat – à majorité de droite – a annoncé que la votation aura lieu le 18 juin 2023, soit trois ans et demi après le dépôt et la validation de l’initiative.
Pour rappel, l’article 82 de la Constitution vaudoise stipule que « L’initiative est soumise au vote populaire au plus tard dans les deux ans qui suivent son dépôt« .

Sous prétexte d’une « participation qui devrait être renforcée » avec d’autres objets fédéraux et d’une « optimisation des coûts », les initiant·e·s de cette initiative – et le climat lui-même – sont donc purement et simplement victimes d’un déni de démocratie, et la Constitution bafouée.

En pleine urgence climatique, chaque jour compte pour tenter d’inverser la tendance et inscrire la protection du climat dans la Constitution cantonale. Mais les sensibilités écologiques prônées par certains partis pendant les campagnes électorales ne sont manifestement pas si durables que ce que l’on pouvait espérer.

Plus d’infos: consulter le communiqué de presse des Vert·e·s Vaudois·e·s publié suite à la décision du Conseil d’Etat

Ville et campagne: mettons fin à un clivage qui n’a aucun sens

Après le rejet de l’initiative contre l’élevage intensif, le signal est clair: le moment est venu de privilégier le dialogue avec les acteurs de l’agriculture.

Oui, je suis militant écologiste et conscient que l’impact global de l’agriculture sur la biodiversité et les sols n’est pas exemplaire.

Mais je suis aussi un habitant de la campagne, j’ai des vigneron·ne·s, des agriculteurs ou des éleveurs dans mes cercles d’amis, je fréquente beaucoup d’exploitant·e·s dans le cadre de mon travail. Ce que je vois, ce sont les efforts que fait la majorité des agricultrices et agriculteurs et surtout les pressions qu’ils·elles subissent au quotidien pour produire toujours plus et toujours plus beau avec des marges toujours plus rabotées par les distributeurs… tout en étant régulièrement pointé·e·s du doigt de manière virulente pour ce qui fonctionne moins bien.

N’allez pas croire que je suis pour les pesticides ou pour l’élevage intensif. Mais je pense que le moyen le plus efficace de changer les choses, c’est de revoir notre rapport à ce que l’on mange. Retrouver la vraie valeur des produits que l’on achète, arrêter de voir la nourriture comme un simple bien de consommation.
Car au final, quand on reprend conscience de ce que l’on consomme, que l’on prend le temps de se préoccuper de la provenance des produits et du travail fourni par les travailleuses et travailleurs du terroir, le porte-monnaie ne s’en porte pas forcément plus mal, nos papilles retrouvent le vrai goût des aliments et notre esprit reprend conscience que le standard du goût ou de l’apparence n’est pas fixé par les supermarchés.

Oui, il reste une grande marge d’amélioration, je pense que la majorité en conviendra. Mais travaillons main dans la main, parlons-nous, discutons, trouvons ensemble des solutions d’amélioration plutôt que de développer ce clivage ville/campagne qui n’a aucun sens. L’agriculteur n’est pas forcément le pollueur et le citadin n’est pas forcément le bobo qui achète du boeuf du Brésil sans avoir jamais mis les pieds à la campagne !

Commençons par le plus simple: consommons local, privilégions les circuits courts. Et vu le nombre de marchés dans les villes, de marchés à la ferme et autres self-services qui fleurissent partout, nous n’avons plus d’excuse… la pandémie nous a prouvé que nous en étions capables.

Vélo: des infrastructures, pas des gymkhanas svp!

Lorsqu’on roule en vélo, on est régulièrement confronté à des infrastructures dont la cohérence peut être légitimement questionnée. Entre croisements dangereux, pertes de priorité, mélanges de modes de mobilité, incohérences de la signalétique, le stress est constant alors que l’on ne demande qu’une chose: se rendre d’un point A à un point B comme tout autre utilisateur de la route.

Note de novembre 2025: récemment, suite à un sondage auprès des cyclistes, l’Etat de Vaud a effectué des travaux qui améliorent à mon sens sensiblement le cheminement cyclable sur le tronçon décrit dans le prochain paragraphe (réduction des dos d’âne, autorisation d’emprunter les couloirs de bus, etc.). Un grand merci à la DGMR. Je choisis toutefois de laisser le paragraphe qui peut s’appliquer à bon nombre d’autres endroits.

Par exemple, la médaille de l’infrastructure la plus ubuesque que j’emprunte régulièrement revient à la route cantonale entre l’EPFL et la Bourdonnette. Sur un tronçon d’environ 2 kilomètres, c’est une succession de pertes de priorité au profit du trafic motorisé, des passages dangereusement près des arrêts de bus desquels descendent des hordes d’étudiant·e·s, des mélanges avec les piétons, des angles avec peu de visibilité, des gendarmes couchés à faire fantasmer Simon Ammann, ou encore des sens cyclables qui s’inversent sans crier gare (oui oui!). Toutes ces situations mettent les cyclistes dans une insécurité et un stress constants, et mènent parfois à des situations conflictuelles qui pourraient facilement être évitées, notamment en autorisant les vélos sur la voie de bus, empruntée par seulement quelques bus par heure aux heures de pointes.

Autre exemple à Echandens, sur la route cantonale entre la Venoge et le giratoire de la Poste :

Entrée et sortie de la route cantonale au niveau d’Echandens
  • D’abord, les cyclistes doivent se déporter sur la gauche de la route pour se placer sur une présélection, juste après la sortie du giratoire (où ils sont déjà très vulnérables et souvent pressés par les automobilistes pour se rabattre à droite de la chaussée): premier danger.
  • Puis traverser la piste venant d’en-face, avec des véhicules arrivant vite au giratoire: deuxième danger, première perte de priorité
  • Après le cheminement de l’autre côté de la glissière (ça c’est bien), retour au milieu de la route: deuxième perte de priorité, troisième danger
  • Et enfin, reprendre la route comme les autres usagers: troisième perte de priorité, quatrième danger

Cela fait un peu beaucoup pour aller simplement d’un bout à l’autre de la route, non ?

Nous les cyclistes voulons simplement aller d’un point A à un point B rapidement et sereinement, sans devoir céder la priorité maintes fois aux autres usagers sous prétexte qu’ils sont plus gros ou plus rapides.

Si vous faites partie des automobilistes qui s’insurgent car les cyclistes n’utilisent pas toujours les infrastructures, demandez-vous pourquoi et dites-vous que si ces dernières étaient sécurisantes plutôt que dangereuses et agréables à utiliser plutôt que pénalisantes, nous le ferions systématiquement.

En menant une politique du « tout voiture » depuis l’invention de ces dernières, on a amené le vélo, un moyen de transport simple réglant beaucoup de nuisances dues au trafic motorisé, à un niveau de complexité incompréhensible.

Les coups de peinture ne sont pas une infrastructure, mais les gymkhanas n’en sont pas non plus.

Une lanterne pas si magique que ça

A l’heure où il serait judicieux de proposer des manifestations compatibles avec les enjeux climatiques, accessibles en transports publics, le TCS organise un nouveau ciné drive-in à Cossonay… où les piétons, cyclistes et autres mobilités douces ne sont apparemment pas les bienvenus (aucune mention sur le site).

Apercevoir un film à travers son pare-brise, avec une sono douteuse, à CHF 24.- la place, chacun·e enfermé·e dans sa voiture sur une place en béton en vidant sa batterie, c’est vraiment ça une « expérience originale » qui nous fait rêver ? 

Alors oui, le core business du TCS c’est la voiture, mais cela ne reflète-t-il pas exactement le genre de manifs qu’on devrait se passer d’organiser (et de fréquenter) de nos jours ?

Des montagnes, du VTT et une journée de photos en hélico

Des montagnes, des VTTistes de niveau mondial, les paysages somptueux du Valais et une journée à s’éclater en faisant des photos depuis un hélicoptère. C’est exactement ce qui me faisait rêver il y a encore quelques années et que j’aurais pu réaliser cet été.

Récemment, j’ai été contacté par l’organisation d’une course de VTT valaisanne bien connue pour rejoindre son staff photo. Le cahier des charges était simple : suivre et photographier la tête de course tout au long du parcours reliant Verbier à Grimentz.

Bien que flatté d’avoir potentiellement pu réaliser ce qui était jadis un rêve, il va de soi que j’ai décliné cette proposition. Car passer une journée en hélicoptère ne fait plus partie des choses que je juge cohérentes. Un évènement sportif, même de catégorie internationale, ne justifie pas selon moi de rejeter autant de CO2 pour réaliser ses images.

« Oui mais l’hélicoptère va de toutes façons voler, avec ou sans toi »

En racontant cette anecdote autour de moi, la réaction que j’ai souvent entendue a été celle-ci. Alors oui, il est clair que mon refus ne va certainement pas provoquer une remise en question totale de cette course ni des autres évènements sportifs.
Mais il a au moins l’intérêt, outre le fait de me permettre de dormir l’esprit léger en assumant mes valeurs, de montrer que l’opinion collective change. Plus nous serons à assumer cette position, plus les chances de provoquer cette fameuse remise en question seront grandes.

Une question de responsabilité

Les évènements culturels et sportifs sont bien-sûr bénéfiques pour l’aspect ludique et divertissant qu’ils proposent et il ne me viendrait pas à l’idée de vouloir les interdire. Cependant, tout comme les entreprises, il est grand temps qu’ils poursuivent leurs démarches visant à réduire drastiquement leurs émissions. Ceux qui sont largement subventionnés par de l’argent public en premier.

On rejette souvent la faute sur le public qui attend des images de plus en plus immersives et qualitatives des évènements, des suivis en temps réel et des ralentis à couper le souffle; c’est à nous de réaliser que ces exigences ont un coût, pas seulement financier, mais surtout écologique.

Photo: la course prise de manière volontaire et indépendante en 2019… depuis la terre ferme 🙂

Grand Conseil: combien ont coûté les sièges dans le district de Morges ?

Suite à la publication des comptes de campagnes de tous les partis aux élections cantonales de ce printemps, je me suis amusé à calculer le « prix de revient » d’un siège obtenu au Grand Conseil pour chaque parti dans le district de Morges:

Comme on pouvait s’y attendre, les résultats sont passablement variables. Si le PS, l’UDC et le PLR sont proches, autour des CHF 10’000.-, on passe de CHF 1’154.- pour les Vert·e·s (qui, rappelons-le, n’autorisent pas les campagnes individuelles et ne font aucun affichage sauvage, ce qui réduit considérablement les coûts), à CHF 24’203.- pour les Vert’libéraux. Graphiquement :

Le résultat est bien-sûr à prendre avec des pincettes car tous les partis n’ont pas présenté leurs comptes de la même façon. Si le parti Vert’libéral a inclus les campagnes individuelles de ses candidat·e·s dans le poste Dons et libéralités, dont l’apport personnel d’un candidat au Conseil d’État, le PLR, sauf erreur, ne les mentionne pas (avec par exemple un seul candidat ayant transmis le détail de sa campagne qui se monte à CHF 8’700.- en plus de sa contribution personnelle de prévue par le parti et prises en compte dans le rapport).
De plus, l’image gagnée lors de ce genre de campagne, donc l’impact sur la visibilité globale du parti et pas uniquement sur cette élection, est importante. Elle est souvent proportionnelle au montant investi et, surtout, elle n’est pas mesurable.

Un bon début de transparence mais…

Cette démarche et la volonté de transparence de la part du canton sont fort appréciables, mais il serait judicieux, pour que ces chiffres aient une réelle utilité, d’uniformiser les pratiques en ce qui concerne les apports personnels. En effet, il est difficile de savoir s’ils sont comptés dans les dépenses des partis, indiqués individuellement voire… pas du tout renseignés. Et la différence dans les sommes dépensées peut rapidement devenir considérable.

Un autre point peu aisé est la compréhension de ce qui passe dans le compte de la section ou par la section cantonale. Avec les campagnes pour le Grand Conseil et le Conseil d’État, l’une a forcément un impact sur l’autre et il serait intéressant de connaitre ce que les partis injectent au niveau cantonal spécifiquement pour les sections de district.

Quoi qu’il en soit, cela indique tout de même des ordres de grandeur et il est appréciable de voir que même un parti avec des moyens raisonnables parvient à tirer son épingle du jeu et même à progresser (un siège gagné pour les Vert·e·s du district de Morges par rapport à la législature 2017-2022) !