Quand le climat ne mérite même pas le respect de la Constitution

En 2019, l’initiative « Pour la protection du climat » lancée par les Vert·e·s et les Jeunes Vert·e·s Vaudois·es, récoltait 14’000 signatures en un temps record dans plus de 97% des communes du canton. Un large plébiscite et la preuve d’une préoccupation croissante et partagée de la part de la population des villes comme des campagnes.

Soutenue par le Conseil d’Etat, à majorité de gauche à l’époque, puis acceptée telle quelle il y a quelques semaines par le Grand Conseil qui a rapidement rejeté le contre-projet proposé par la droite, il aurait été logique qu’elle soit votée sans délai, toutes les exigences administratives ayant été remplies dans ce sens par le Comité d’initiative pour la votation du 12 mars 2023 en tant que seul objet mis en votation. Une bonne vitrine pour cette initiative et pour le climat en général !

Or, dans une décision communiquée aujourd’hui, le Conseil d’Etat – à majorité de droite – a annoncé que la votation aura lieu le 18 juin 2023, soit trois ans et demi après le dépôt et la validation de l’initiative.
Pour rappel, l’article 82 de la Constitution vaudoise stipule que « L’initiative est soumise au vote populaire au plus tard dans les deux ans qui suivent son dépôt« .

Sous prétexte d’une « participation qui devrait être renforcée » avec d’autres objets fédéraux et d’une « optimisation des coûts », les initiant·e·s de cette initiative – et le climat lui-même – sont donc purement et simplement victimes d’un déni de démocratie, et la Constitution bafouée.

En pleine urgence climatique, chaque jour compte pour tenter d’inverser la tendance et inscrire la protection du climat dans la Constitution cantonale. Mais les sensibilités écologiques prônées par certains partis pendant les campagnes électorales ne sont manifestement pas si durables que ce que l’on pouvait espérer.

Plus d’infos: consulter le communiqué de presse des Vert·e·s Vaudois·e·s publié suite à la décision du Conseil d’Etat

Grand Conseil: combien ont coûté les sièges dans le district de Morges ?

Suite à la publication des comptes de campagnes de tous les partis aux élections cantonales de ce printemps, je me suis amusé à calculer le « prix de revient » d’un siège obtenu au Grand Conseil pour chaque parti dans le district de Morges:

Comme on pouvait s’y attendre, les résultats sont passablement variables. Si le PS, l’UDC et le PLR sont proches, autour des CHF 10’000.-, on passe de CHF 1’154.- pour les Vert·e·s (qui, rappelons-le, n’autorisent pas les campagnes individuelles et ne font aucun affichage sauvage, ce qui réduit considérablement les coûts), à CHF 24’203.- pour les Vert’libéraux. Graphiquement :

Le résultat est bien-sûr à prendre avec des pincettes car tous les partis n’ont pas présenté leurs comptes de la même façon. Si le parti Vert’libéral a inclus les campagnes individuelles de ses candidat·e·s dans le poste Dons et libéralités, dont l’apport personnel d’un candidat au Conseil d’État, le PLR, sauf erreur, ne les mentionne pas (avec par exemple un seul candidat ayant transmis le détail de sa campagne qui se monte à CHF 8’700.- en plus de sa contribution personnelle de prévue par le parti et prises en compte dans le rapport).
De plus, l’image gagnée lors de ce genre de campagne, donc l’impact sur la visibilité globale du parti et pas uniquement sur cette élection, est importante. Elle est souvent proportionnelle au montant investi et, surtout, elle n’est pas mesurable.

Un bon début de transparence mais…

Cette démarche et la volonté de transparence de la part du canton sont fort appréciables, mais il serait judicieux, pour que ces chiffres aient une réelle utilité, d’uniformiser les pratiques en ce qui concerne les apports personnels. En effet, il est difficile de savoir s’ils sont comptés dans les dépenses des partis, indiqués individuellement voire… pas du tout renseignés. Et la différence dans les sommes dépensées peut rapidement devenir considérable.

Un autre point peu aisé est la compréhension de ce qui passe dans le compte de la section ou par la section cantonale. Avec les campagnes pour le Grand Conseil et le Conseil d’État, l’une a forcément un impact sur l’autre et il serait intéressant de connaitre ce que les partis injectent au niveau cantonal spécifiquement pour les sections de district.

Quoi qu’il en soit, cela indique tout de même des ordres de grandeur et il est appréciable de voir que même un parti avec des moyens raisonnables parvient à tirer son épingle du jeu et même à progresser (un siège gagné pour les Vert·e·s du district de Morges par rapport à la législature 2017-2022) !