Transport de marchandises: l’avenir devrait être sur les rails !

Note: texte originellement publié dans le courrier des lecteurs du Journal de Morges dans son édition du 6 avril 2023

Alors que l’urgence climatique n’est plus à démontrer, il semblerait logique que toutes et tous – particuliers, entreprises, communes, cantons et confédération – tirent à la même corde et fassent le maximum pour protéger l’environnement en baissant leur impact.

Or, comme nous l’avons appris dans l’édition du 3 mars du Journal de Morges, le rail va être abandonné au profit de la route pour transporter les céréales entre les centres collecteurs de l’entreprise situés à Bussy-Chardonney (Hautemorges) et Penthalaz, car les installations ne sont plus aux normes et nécessitent des travaux « trop coûteux ».
Ce sont donc 120 trajets en camion qui achemineront ces 3’000 tonnes de céréales par an – en plus des 4’500 tonnes déjà transportées par ce biais – et qui viendront encombrer encore davantage les routes de la région, avec l’impact climatique et tous les désagréments pour les riverains que nous connaissons. Pourtant, les deux sites sont à proximité directe des rails et déjà équipés d’infrastructures de (dé)chargement !

A l’heure où il est demandé à la population de baisser son impact, notamment en optant pour une mobilité respectueuse du climat, il est urgent que des solutions soient trouvées et des incitations proposées aux entreprises pour éviter ce genre de décisions incompréhensibles qui vont à contre-courant des bonnes pratiques en matière de protection de l’environnement et de la santé des riverains.

Quand le climat ne mérite même pas le respect de la Constitution

En 2019, l’initiative « Pour la protection du climat » lancée par les Vert·e·s et les Jeunes Vert·e·s Vaudois·es, récoltait 14’000 signatures en un temps record dans plus de 97% des communes du canton. Un large plébiscite et la preuve d’une préoccupation croissante et partagée de la part de la population des villes comme des campagnes.

Soutenue par le Conseil d’Etat, à majorité de gauche à l’époque, puis acceptée telle quelle il y a quelques semaines par le Grand Conseil qui a rapidement rejeté le contre-projet proposé par la droite, il aurait été logique qu’elle soit votée sans délai, toutes les exigences administratives ayant été remplies dans ce sens par le Comité d’initiative pour la votation du 12 mars 2023 en tant que seul objet mis en votation. Une bonne vitrine pour cette initiative et pour le climat en général !

Or, dans une décision communiquée aujourd’hui, le Conseil d’Etat – à majorité de droite – a annoncé que la votation aura lieu le 18 juin 2023, soit trois ans et demi après le dépôt et la validation de l’initiative.
Pour rappel, l’article 82 de la Constitution vaudoise stipule que « L’initiative est soumise au vote populaire au plus tard dans les deux ans qui suivent son dépôt« .

Sous prétexte d’une « participation qui devrait être renforcée » avec d’autres objets fédéraux et d’une « optimisation des coûts », les initiant·e·s de cette initiative – et le climat lui-même – sont donc purement et simplement victimes d’un déni de démocratie, et la Constitution bafouée.

En pleine urgence climatique, chaque jour compte pour tenter d’inverser la tendance et inscrire la protection du climat dans la Constitution cantonale. Mais les sensibilités écologiques prônées par certains partis pendant les campagnes électorales ne sont manifestement pas si durables que ce que l’on pouvait espérer.

Plus d’infos: consulter le communiqué de presse des Vert·e·s Vaudois·e·s publié suite à la décision du Conseil d’Etat

Une lanterne pas si magique que ça

A l’heure où il serait judicieux de proposer des manifestations compatibles avec les enjeux climatiques, accessibles en transports publics, le TCS organise un nouveau ciné drive-in à Cossonay… où les piétons, cyclistes et autres mobilités douces ne sont apparemment pas les bienvenus (aucune mention sur le site).

Apercevoir un film à travers son pare-brise, avec une sono douteuse, à CHF 24.- la place, chacun·e enfermé·e dans sa voiture sur une place en béton en vidant sa batterie, c’est vraiment ça une « expérience originale » qui nous fait rêver ? 

Alors oui, le core business du TCS c’est la voiture, mais cela ne reflète-t-il pas exactement le genre de manifs qu’on devrait se passer d’organiser (et de fréquenter) de nos jours ?

Des montagnes, du VTT et une journée de photos en hélico

Des montagnes, des VTTistes de niveau mondial, les paysages somptueux du Valais et une journée à s’éclater en faisant des photos depuis un hélicoptère. C’est exactement ce qui me faisait rêver il y a encore quelques années et que j’aurais pu réaliser cet été.

Récemment, j’ai été contacté par l’organisation d’une course de VTT valaisanne bien connue pour rejoindre son staff photo. Le cahier des charges était simple : suivre et photographier la tête de course tout au long du parcours reliant Verbier à Grimentz.

Bien que flatté d’avoir potentiellement pu réaliser ce qui était jadis un rêve, il va de soi que j’ai décliné cette proposition. Car passer une journée en hélicoptère ne fait plus partie des choses que je juge cohérentes. Un évènement sportif, même de catégorie internationale, ne justifie pas selon moi de rejeter autant de CO2 pour réaliser ses images.

« Oui mais l’hélicoptère va de toutes façons voler, avec ou sans toi »

En racontant cette anecdote autour de moi, la réaction que j’ai souvent entendue a été celle-ci. Alors oui, il est clair que mon refus ne va certainement pas provoquer une remise en question totale de cette course ni des autres évènements sportifs.
Mais il a au moins l’intérêt, outre le fait de me permettre de dormir l’esprit léger en assumant mes valeurs, de montrer que l’opinion collective change. Plus nous serons à assumer cette position, plus les chances de provoquer cette fameuse remise en question seront grandes.

Une question de responsabilité

Les évènements culturels et sportifs sont bien-sûr bénéfiques pour l’aspect ludique et divertissant qu’ils proposent et il ne me viendrait pas à l’idée de vouloir les interdire. Cependant, tout comme les entreprises, il est grand temps qu’ils poursuivent leurs démarches visant à réduire drastiquement leurs émissions. Ceux qui sont largement subventionnés par de l’argent public en premier.

On rejette souvent la faute sur le public qui attend des images de plus en plus immersives et qualitatives des évènements, des suivis en temps réel et des ralentis à couper le souffle; c’est à nous de réaliser que ces exigences ont un coût, pas seulement financier, mais surtout écologique.

Photo: la course prise de manière volontaire et indépendante en 2019… depuis la terre ferme 🙂

Un magasin « éco-responsable » qui n’en a que le nom ?

Dans un post LinkedIn publié le 3 mars, l’Aéroport de Genève se réjouit de l’ouverture d’un nouveau magasin « éco-responsable » (les guillemets sont d’origine).

Dans le texte de l’article, il faut vraiment bien chercher ce qu’il y a de différent… Le seul indice – bien vague – étant ceci:

We have turned theory into action in partnership with Geneva International Airport by converting the Aelia Duty Free concept to eco-responsibility across all aspects, from the materials we use in store up to the products we sell.

https://www.moodiedavittreport.com/aelia-duty-free-opens-first-eco-responsible-store-at-geneva-airport/

Un magasin ne devient pas éco-responsable parce qu’on y met 3 étagères en bois durable et le terme « éco-responsable » dans le nom. Rien que les produits que l’on voit sur les photos le montrent, la plupart provenant de multi-nationales qui méprisent la planète et les êtres vivants qui y vivent.

Quand à l’espace de sensibilisation des passagers, dans un aéroport qui participe notamment à la popularité des vols courte distance low-cost, il prouve l’habileté des entreprises à culpabiliser les autres avant de remettre elles-même en question leur impact.

Photo d’illustration: Jé Shoots

Des décisions réjouissantes pour le développement durable

Issue de la fusion de 6 communes, Hautemorges est officiellement née le 1er juillet dernier et beaucoup de choses restent à être mises en place. La commune étant assez variée dans sa population, j’étais curieux de voir quelle place serait faite au développement durable dans le plan de législature présenté par la Municipalité et dans les urnes par les conseillères et conseillers. 

Lundi soir, lors d’un Conseil communal à l’ordre du jour copieux, plusieurs signes encourageants ont montré la volonté de la majorité de s’engager en faveur de l’environnement :

  • Votation d’un émolument de 0.7ct/kWh qui seront affectés à un fonds de réserve à utiliser, selon un règlement à venir qui devrait entrer en vigueur courant 2022 (de manière rétroactive au 1er janvier 2022), à utiliser dans les domaines de la mobilité douce (ex. subventions pour vélos électriques), des énergies renouvelables (ex. remplacement de l’éclairage public par du LED, subventions de systèmes de chauffage respectueux de l’environnement, panneaux solaires…), de l’efficacité énergétique et du développement durable.
    En 2020, 13’900’000 kWh ont été consommés, soit un émolument de près de CHF 100’000.- (environ 60% par les ménages, 30% par les entreprises et 10% par les bâtiments communaux et l’éclairage public)
  • La conclusion pour l’ensemble des bâtiments communaux du tarif Terre d’ici de la Romande Energie, qui garantit un approvisionnement 100% suisse romand 50% solaire et 50% hydraulique
  • Intégration claire de la mobilité douce, des transports publics, de l’énergie et du développement durable dans le Plan de législature 2021-2026 de la Municipalité
  • Mise au budget 2022 d’un montant de CHF 20’000.- pour des études énergétiques
  • Création de deux commissions consultatives, l’une dédiée à la mobilité (amélioration des cheminements piétons et cyclables entre nos 6 villages, développement des transports internes sur la commune, amélioration des synergies avec les transports publics, etc.), l’autre à l’énergie et au développement durable (réduction de la consommation énergétique communale, mise en place d’un fonds communal d’encouragement pour le développement durable, etc.). J’ai l’honneur d’avoir été élu au sein de ces deux commissions et me réjouis d’y contribuer.

Un dicastère Energie avait également été créé dès la fusion, signe de la volonté de la commune de donner une place importante à ce thème transversal ô combien important.